Hedging et couverture : la recherche de neutralité
Le concept de couverture est au cœur de la raison d’être des produits dérivés. Couvrir un risque, c’est accepter un coût immédiat pour se protéger contre un événement futur incertain.
L’exemple le plus simple est celui du delta hedging. Vendre une option, c’est s’exposer à des mouvements du sous-jacent. Pour neutraliser ce risque, on ajuste sa position en sous-jacent de manière proportionnelle au delta de l’option. L’objectif est de rester insensible aux petits mouvements du marché. Mais cette couverture n’est jamais parfaite, car le delta évolue lui-même, nécessitant des ajustements réguliers.
C’est ici que surgissent d’autres sensibilités, comme le gamma et le theta. Être couvert en delta ne suffit pas : il faut aussi prendre en compte la convexité et l’érosion du temps. Une position delta-neutre peut perdre de l’argent si la volatilité explose ou si le temps use la valeur des options détenues.
La couverture est donc un art d’équilibre. Elle n’élimine pas le risque, elle le transforme. Elle transfère une exposition à une autre dimension : du prix à la volatilité, du sous-jacent au temps, de l’instantané au structurel.
Dans la pratique, les grands acteurs – banques, assureurs, fonds – utilisent la couverture non pas pour atteindre une neutralité parfaite, mais pour rendre leurs expositions gérables. La perfection est illusoire, mais la discipline de couverture permet d’éviter les pertes catastrophiques.
La couverture, en somme, est l’expression d’une philosophie : il vaut mieux renoncer à une partie du gain potentiel que s’exposer à un risque que l’on ne peut assumer.
Karim Trabelsi