Le Rho : la sensibilité aux taux d’intérêt
Parmi les sensibilités d’options, le rho est souvent relégué au second plan. Pourtant, il rappelle que le prix d’une option n’est pas seulement fonction du sous-jacent ou de la volatilité, mais aussi du contexte macroéconomique.
Le rho mesure la variation de la valeur d’une option en fonction d’un mouvement des taux d’intérêt. Pour un call, le rho est généralement positif : une hausse des taux accroît la valeur du call, car le coût d’opportunité de détenir le sous-jacent augmente. Pour un put, il est négatif : une hausse des taux diminue la valeur de la protection qu’il offre.
Historiquement, le rho était considéré comme marginal, car les variations de taux étaient lentes et prévisibles. Mais dans un monde où les banques centrales peuvent déplacer brutalement les taux directeurs, il a regagné de l’importance. L’ère des taux zéro, puis leur remontée rapide dans les années récentes, ont montré combien ces paramètres pouvaient bouleverser l’évaluation des dérivés.
Un exemple concret : une entreprise exportatrice américaine qui anticipe une hausse des taux de la Fed peut voir la valeur de ses options de change modifiée, indépendamment du mouvement immédiat de l’euro-dollar. Ici, le rho capture un effet souvent invisible, mais réel.
Le rho rappelle que les options sont des produits multidimensionnels. Les marchés ne vivent pas dans un vide : ils évoluent dans un environnement économique façonné par la politique monétaire. Comprendre le rho, c’est accepter cette dimension et reconnaître que même un paramètre apparemment secondaire peut peser sur la valeur des instruments financiers.
Karim Trabelsi