Les contrats forward et futures : fixer le futur dès aujourd’hui
Les contrats à terme sont nés d’un besoin simple : sécuriser un prix à l’avance. Pour un producteur agricole, cela signifiait garantir un revenu malgré les aléas de la récolte. Pour un importateur, s’assurer contre les fluctuations de change. Aujourd’hui, ces instruments structurent une large part de la finance mondiale.
Le contrat forward est un accord bilatéral de gré à gré. Deux parties conviennent aujourd’hui d’un prix pour une transaction qui aura lieu à une date future. Tout peut être négocié : l’échéance, le montant, les modalités de livraison. Cette flexibilité en fait un outil sur mesure, mais elle implique un risque : l’absence de chambre de compensation expose directement au risque de défaut de la contrepartie.
Les futures, eux, sont standardisés et négociés sur des marchés organisés. Leur fonctionnement repose sur un mécanisme central : le « marking to market ». Chaque jour, les gains et pertes sont calculés et réglés. Cette exigence de marge garantit la sécurité du marché, mais oblige les investisseurs à une gestion active. La standardisation des contrats accroît la liquidité, ce qui en fait des instruments particulièrement attractifs pour la couverture comme pour la spéculation.
Leur payoff est linéaire : une position longue gagne si le prix monte, une position courte si le prix baisse. Mais les praticiens savent que cette simplicité cache un risque subtil, le risque de base. Il correspond à l’écart entre le prix du contrat et le prix spot de l’actif sous-jacent. Cet écart peut compromettre une couverture que l’on croyait parfaite.
Les forwards et les futures démontrent la puissance et les limites des marchés dérivés. Ils permettent de transférer des risques, mais ils ne les font pas disparaître. Ils organisent la liquidité mondiale, mais révèlent aussi la complexité des interactions entre finance et économie réelle.
Karim Trabelsi