La diversification : construire un portefeuille robuste, performant et cohérent
La diversification est l’un des fondements de la gestion patrimoniale moderne. Elle vise à répartir intelligemment les investissements afin de réduire les risques inutiles, renforcer la stabilité du portefeuille et améliorer le rendement ajusté au risque. Diversifier, ce n’est pas seulement multiplier les supports. C’est organiser, structurer et équilibrer les moteurs de performance pour que le portefeuille résiste aux cycles et aux chocs de marché.
Diversifier entre classes d’actifs
Un portefeuille efficace repose sur plusieurs familles d’actifs : actions, obligations, matières premières, immobilier coté ou non coté, devises. Chaque classe d’actifs réagit différemment aux cycles économiques, aux décisions des banques centrales ou aux tensions géopolitiques. L’objectif est de ne jamais dépendre d’un seul moteur de performance.
Diversifier entre émetteurs
La diversification par émetteurs permet d’éviter le risque spécifique : faillite, fraude, choc réglementaire ou crise de secteur. Les émetteurs peuvent être des entreprises ou des États. Une mauvaise nouvelle sur un acteur isolé ne doit jamais mettre en difficulté un portefeuille entier.
Diversifier entre secteurs et zones géographiques
Chaque secteur traverse des phases de croissance et de ralentissement à des moments différents. Même logique pour les zones géographiques : les cycles américains, européens et asiatiques ne sont pas synchronisés. Ne pas diversifier entre pays ou continents, c’est s’exposer à un biais domestique important et se priver d’opportunités majeures, notamment sur les marchés émergents.
La corrélation : le cœur technique de la diversification
La corrélation mesure la manière dont deux actifs évoluent l’un par rapport à l’autre : corrélation positive lorsqu’ils avancent dans le même sens et corrélation négative lorsqu’ils évoluent à l’opposé.
Une bonne diversification consiste à combiner des actifs qui ne réagissent pas de la même manière dans les mêmes scénarios de marché.
Pour cela, plusieurs outils sont utilisés : analyse du nombre de lignes, répartition par émetteurs, matrice de corrélation, mesure du risque marginal. L’objectif est de comprendre précisément le comportement du portefeuille dans différents contextes.
Les tests de résistance complètent cette démarche et permettent d’anticiper les situations extrêmes : hausse du pétrole, choc sur les taux d’intérêt, scénario inflationniste, crise géopolitique.
Pourquoi diversifie-t-on ?
Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier est une évidence, mais la diversification va plus loin : elle permet d’améliorer ou, a minima, de préserver le rendement tout en réduisant l’exposition au risque.
Elle optimise le couple rendement/risque, notamment via des indicateurs comme le Sharpe Ratio.
En cas d’erreur sur une thématique, d’autres moteurs de performance doivent permettre d’absorber les pertes éventuelles. L’objectif est d’éviter qu’une conviction trop forte ou un choc inattendu ne déstabilise l’ensemble du patrimoine.
Construire une allocation cohérente
Une allocation d’actifs sérieuse s’appuie sur plusieurs dimensions complémentaires :
Les convictions de marché, les thèmes à privilégier, les pondérations adaptées aux conditions économiques.
Les protections mises en place pour limiter les pertes si le scénario principal ne se réalise pas.
Identifier ce qui pourrait mal se passer est indispensable.Les stratégies opportunistes ou d’arbitrage, comme jouer un secteur contre un autre ou exploiter les mouvements de courbe des taux.
Le choix précis des titres, entreprises ou obligations les plus pertinentes.
Cet ensemble permet de construire un portefeuille équilibré, cohérent et adapté au profil de risque de chaque investisseur.
Le cas du MSCI World : diversifié, mais pas totalement
Le MSCI World regroupe environ 1300 entreprises, mais il est largement dominé par les États-Unis. Le poids américain dépasse aujourd’hui 75 % de l’indice, alors qu’il était autour de 65 % il y a une dizaine d’années. La technologie y est très présente, portée par les géants américains comme NVIDIA, Microsoft, Apple, Meta, Alphabet, Amazon, Tesla ou Broadcom. Le résultat est sans appel, le MSCI World, est je crois un socle très intéressant et quasi indispensable, mais n’est plus aussi diversifié qu’auparavant.
L’importance du hedging contre le risque de change
Pour un investisseur européen, l’évolution des devises peut transformer radicalement la performance, car lorsque le S&P 500 gagne environ 18 % en dollars mais seulement 5 à 6 % en euros, la différence provient uniquement du taux de change. Ne pas se couvrir contre le risque de change est une décision d’investissement à part entière, qui impacte directement le rendement final.
Sur-diversification et risque de dilution ?
En rendez-vous client, l’on m’a demandé s’il était possible d’être trop diversifié, la réponse est je le crois affirmative étant donné qu’une diversification excessive peut diluer les convictions, augmenter la complexité ou même annuler certains paris. En gestion active, la performance provient aussi de la capacité à prendre des risques maîtrisés. Ajouter des lignes uniquement pour ajouter des lignes n’a aucun sens. Par exemple, un ETF S&P 500 Equal Weight est plus diversifié qu’un S&P 500 classique, mais cela ne garantit pas une meilleure performance. Par conséquent, diversification et performance doivent être équilibrées.
L’évolution des corrélations : un enjeu permanent
Les relations entre actifs évoluent constamment, et par exemple l’or, était autrefois fortement corrélé aux obligations américaines. Ce n’est plus le cas aujourd’hui, notamment depuis que de nombreuses banques centrales achètent de l’or en substitution des obligations américaines. L’or et le franc suisse restent toutefois de très bonnes valeurs refuges, et dans une certaine mesure les obligations d’État le sont aussi. Il est important de comprendre la nature du choc est indispensable pour identifier les bons refuges.
Être accompagné pour prendre les bonnes décisions
Une bonne diversification exige une compréhension fine des cycles économiques, de la corrélation entre classes d’actifs, des risques de change, de la construction de portefeuille et des scénarios extrêmes.
Être accompagné par un expert permet d’analyser, de structurer et de suivre une allocation cohérente avec son profil et ses objectifs.
L’objectif final reste toujours le même : réduire les risques inutiles, améliorer la résilience et optimiser la performance dans la durée.
Karim Trabelsi